Forger des liens durables avec le Japon: un mode d’emploi



Forger des liens durables avec le Japon: un mode d’emploi

Compte rendu du panel «Focus-marché» sur le Japon, présenté dans le cadre de Hub Montréal

Le 21 octobre dernier, dans le cadre de la plus récente édition de HUB Montréal, un «Focus-marché» a été organisé pour «explorer les particularités politiques, culturelles et économiques du Japon».

Cette rencontre informative tombait à point, compte tenu qu’une délégation de producteur.rice.s de studios, de créateur.rice.s, de diffuseur.euse.s, de distributeur.rice.s et de lieux culturels de la créativité numérique, menée par L’Effet Québec, s’apprête à prendre l’avion pour assister à la 10e édition de MUTEK Japon. Et ce n’est pas tout! Le groupe profitera de l’occasion pour se rendre au Panasonic Shinonome LabTour afin de visiter les installations et rencontrer l’équipe de Panasonic Japon.

Retour sur une présentation enrichissante, mettant en vedette des experts stratégiques d’ici qui connaissent bien cette région, des intervenants japonais invités spécialement pour l’occasion ainsi que des représentants d’entreprises québécoises ayant noué des relations d’affaires fructueuses dans ce pays étranger.

Vue d’ensemble sur les relations commerciales avec le Japon

À titre d’animatrice, Joanie Leroux Coté, conseillère experte, exportations, Japon, Corée du Sud et Inde chez Investissement Québec, a d’abord offert la parole à sa collègue Zarina Ismailova, une experte en exportations pour les industries créatives pour les marchés de l’Asie-Pacifique et du Moyen-Orient. Cette dernière a souligné d’emblée une statistique importante: le Japon représente le 3e marché international en importance pour les échanges commerciaux québécois.

Il ne faut pas s’en surprendre, compte tenu que développer des relations d’affaires au Japon est plus facile qu’avec d’autres marchés asiatiques. En effet, c’est un pays où les lois et règlements sont clairs et respectés, notamment le droit d’auteur et le respect des propriétés intellectuelles.

Ceci dit, elle souligne qu’il faut être prêt à investir des efforts et du temps pour construire ces relations. En effet, il faut établir des liens de confiance et faire preuve de respect. De surcroît, les Japonais cherchent généralement des partenariats qui perdurent dans le temps. Ils croient sincèrement que la coopération mène au progrès. Ainsi, les efforts investis ont tendance à porter fruit sur le long terme.

À son tour, Kiyoshi Teshima, attaché commercial de la délégation générale du Québec à Tokyo, est monté sur scène. Il a fait la lumière sur un changement important touchant la capitale japonaise. En effet, bien que Tokyo soit déjà une destination touristique prisée, la ville cherche maintenant à bonifier son offre culturelle et de divertissement nocturne. Plusieurs lieux, qu’on pense à des centres dédiés aux sciences, des espaces de divertissement immersif (LBE) ou même à des musées, sont à la recherche de nouvelles expériences numériques pour répondre à ce besoin.

Kiyoshi a aussi pris le soin de rappeler qu’un protocole d’entente visant le partenariat d’amitié et de coopération entre le gouvernement du Québec et la ville d’Osaka a été entériné en juin dernier. Cet engagement de collaboration couvre, entre autres, le secteur des industries créatives.

Fukuoka, une ville à découvrir

Kohei Saito, directeur des ventes et de la promotion chez FJ-eWorks, a ensuite profité de cette tribune pour inviter des collaborateur.rice.s québécois.e.s à contribuer au redéveloppement de l’offre culturelle de Fukuoka, la 5e plus grande ville du Japon.

Il a fait part de son rêve ambitieux: transformer le cœur de la ville en théâtre d’expériences immersives. S’inscrivant dans le concept «Urban Theater 4.0», cette initiative nécessite la sélection d’un grand nombre d’œuvres de projection mapping. Il recherche, à cet égard, des contenus axés sur l’émotion.

À son œil, le divertissement est un outil de connexion important entre les citoyens et la ville qu’ils habitent.

Nouveaux développements à Tokyo

Yuki Yoshizawa, directeur de la gestion immobilière, Value Creation Group, TOKYU Corporation (Tokyo) est venu présenter des projets de revitalisation urbaine dans la capitale japonaise offrant un potentiel d’opportunités particulièrement intéressant pour les producteur.rice.s d’expériences numériques d’ici.

Il cite d’abord le district de Shibuya, qui inclut l’intersection la plus célèbre au monde. Cet emplacement compte pas moins de 150 salles de divertissement.

Il a aussi fait part de deux autres projets en cours: le Myamasuka District et le Shibuya Square Phase II.

Des succès québécois au Japon

Normand Pierre Bilodeau, producteur et directeur du bureau de Tokyo chez Moment Factory, est venu donner des exemples de projets réussis sur le territoire japonais.

Notons parmi eux le Light Cycles au Jardin Botanique de Kyoto. C’est une expérience signée Moment Factory qui a été adaptée pour le marché japonais, en changeant notamment l’éclairage et la musique. Il explique aussi comment une expérience temporaire – un mur de vidéo accompagné de musique mis en place pour souligner la réouverture de la station Shinjuku – était si populaire qu’elle est devenue permanente.

Il cite aussi l’exemple de Kamuy Lumina, qui a été lancé il y a 6 ans déjà et qui a été renouvelé pour les 5 prochaines années. C’est un exemple qui prouve que les Japonais privilégient les relations d’affaires à long terme.

Olivier Berthiaume-Bergé, président de Scéno Plus, a pris le micro pour expliquer que faire des affaires au Japon exige une approche fondée sur la patience, la rigueur et la compréhension des différences culturelles.

Il souligne qu’imposer une vision créative sans tenir compte de ce cadre peut créer un choc culturel. Le succès repose donc sur une véritable co-création, où les idées se construisent progressivement, dans un dialogue respectueux et constant.

Enfin, il rappelle que le Japon est à la fois profondément enraciné dans ses traditions et très ouvert sur le monde, ce qui crée une tension féconde mais complexe pour les entreprises étrangères souhaitant collaborer avec ce marché exigeant.

Des conseils à mettre en pratique

Assurément, les conseils partagés lors de cette rencontre seront fort utiles aux membres de l’Effet Québec qui s’envoleront vers MUTEK Japon. Ils leur permettront d’aborder leurs rencontres avec une meilleure compréhension des pratiques d’affaires japonaises et d’adapter plus efficacement leur approche. Souhaitons que ces démarches mènent à de nouvelles réussites québécoises, dans la foulée de celles de Moment Factory et de Scéno Plus.

Crédit photo: Grzegorz Kaliciak sur Unsplash